L'emploi et l'investissement en octobre, une interminable reprise

L’emploi ne repart pas suffisamment et la légère amélioration constatée est fragile. Depuis la fin 2012, aucun trimestre ne s’est terminé, dans notre observatoire, avec un solde positif des créations et suppressions d’emplois. L’année 2014 risque d’être aussi mauvaise que 2013 en matière d’emplois, insuffisante à la réduction du chômage.

Cette note présente cinq points forts en ce début du dernier trimestre 2014 :

1.L’emploi global est toujours déprimé. Sur la fin d’année, les suppressions accrues du secteur public annulent le très timide redressement de l’activité du secteur privé ;

2.L’industrie manufacturière poursuit une amélioration très lente. Le taux de remplacement des usines qui ferme par de nouvelles usines, se redresse ;

3.Pour le deuxième trimestre consécutif, le commerce perd des emplois, en net. C’est le fruit d’une tendance lourde d’autant plus dommageable, que le secteur était jusque là notre premier secteur en termes de création d’emplois ;

4. Les ETI (entreprises de taille intermédiaire) continuent de créer des emplois, alors que les grands groupes en suppriment

5. Pour la première année, Trendeo suit les levées de fonds et identifie les startups de façon spécifique. La répartition des startups par secteur montre la position primordiale du logiciel. Géographiquement, c’est en Île-de-France que ces sociétés émergent. En 2014, les startups représentent 5,5% des créations d’emplois privés.

Tous ces points montrent que même si l’économie française est dans une phase de dépression, de nombreuses évolutions sectorielles et géographiques s’y déroulent. Dans l’ensemble, la reprise est encore beaucoup trop légère pour résister à une nouvelle dégradation de la conjoncture internationale et pour entraîner une baisse du chômage.

Une économie toujours dépressive

Depuis la fin 2010, la conjoncture française est rythmée par deux tendances : une baisse régulière des créations d’emplois assortie d’une diminution des suppressions. Le rythme trimestriel moyen de créations d’emplois en 2014 a ainsi baissé de près de 50% par rapport à celui de 2010.

Le résultat final de ces deux tendances est une économie atone depuis deux ans, où les créations d’emplois ne suffisent pas à compenser les suppressions.

A la fin de l’année, 2014 ne sera pas meilleure que 2013 : l’amélioration légère du secteur privé sera très probablement effacée par les suppressions accrues du secteur public.

Créations et suppressions d’emplois trimestrielles, janvier 2009- sept. 2014.

Solde net trimestriel des emplois créés et supprimés, janvier 2009- sept. 2014 France

Très légère remontée de l’industrie manufacturière

Aux trois premiers trimestres 2014, l’emploi dans l’industrie manufacturière évolue dans un sens favorable par rapport à 2013, mais reste négatif.

De janvier à septembre 2013, l’industrie manufacturière avait perdu 18 000 emplois nets ; pour la même période 2014, l’industrie manufacturière n’en perd plus que 12 000.

Cette évolution provient d’un ralentissement des pertes d’emplois dans l’automobile et d’un rétablissement de l’industrie agroalimentaire, qui créée des emplois en 2014.

En sens inverse, l’aéronautique n’a pas créé d’emplois, en solde net, en 2014.

industrie manufacturièreindustrie cumul1 512 usines fermées depuis 2009, remplacées à 60%

Les neuf premiers mois de 2013 avaient été l’occasion d’une perte nette de 114 usines (90 créations, 204 fermetures). Les neuf premiers mois de 2014 ne voient plus que 34 fermetures nettes (119 créations et 153 fermetures).

Aucun trimestre n’a été positif depuis le deuxième trimestre 2011.

En moyenne, pour 100 usines fermées depuis 2009, l’économie française en ouvre 60 et ce taux remonte à 77% en 2014. Malgré cette amélioration, l’économie française a perdu en net 558 usines depuis 2009.

usines

Évolution trimestrielle des ouvertures et fermetures d’usines en France.
En vert : nombre d’usines créées.
En rouge : nombre d’usines fermées.
En noir : solde net des ouvertures et fermetures d’usines.

Délocalisations et relocalisations

Les délocalisations représentent en moyenne 7% des suppressions d’emplois dans l’industrie manufacturière depuis 2009.

Les relocalisations n’ont jamais représenté plus de 1% des créations d’emplois dans l’industrie, avec un taux moyen de 0,7% des créations d’emplois dans l’industrie manufacturière.

Le commerce entre dans le rouge

Le secteur du commerce (commerce de détail et commerce de gros) supprime des emplois depuis deux trimestres.

Les créations sont orientées à la baisse, les suppressions à la hausse, le cumul de ces deux tendances donne une baisse très marquée pour le solde net des emplois créés et supprimés depuis 2010.

C’est un phénomène significatif et inquiétant puisque ce secteur reste globalement le premier secteur créateur net d’emplois depuis 2009, avec un solde positif de 89 000 emplois créés.

Le secteur du commerce (commerce de détail et commerce de gros) supprime des emplois depuis deux trimestres.

Les créations sont orientées à la baisse, les suppressions à la hausse, le cumul de ces deux tendances donne une baisse très marquée pour le solde net des emplois créés et supprimés depuis 2010.

C’est un phénomène significatif et inquiétant puisque ce secteur reste globalement le premier secteur créateur net d’emplois depuis 2009, avec un solde positif de 89 000 emplois créés.

commerce creations

commerce suppressionscommerce net

 

ETI et grandes entreprises, des comportements toujours divergents

La comparaison de l’évolution des emplois créés et supprimés par catégorie d’entreprise fait apparaître un écart important entre les entreprises de taille intermédiaire, qui ont créé près de 90 000 emplois depuis 2009, alors que les grandes entreprises en ont supprimé plus de 50 000.

La principale différence entre ETI et grandes entreprises réside dans leurs comportements de suppressions d’emplois : face à la crise, les ETI ont été bien plus résilientes, et ont conservé leurs sites de production.

taille

Les levées de fonds, le logiciel au premier rang

En 2014 nous suivons les levées de fonds, de même que nous identifions les startups (avec deux critères : business model innovant et création depuis moins de cinq années).

Les 344 opérations de levées de fonds recensées représentent près de 1,8 milliards d’euros levés et 5 428 emplois créés.

En moyenne, chaque levée de fonds correspond à la création de 16 emplois.

L’analyse des données montre que le secteur du logiciel est le principal concerné, avec 24% des levées de fonds et 36% des emplois annoncés. Le secteur de l’édition concerne également beaucoup l’édition de logiciels et pourrait être ajouté au secteur 62, conduisant à 1/3 de levées de fonds dans le logiciel.

Le secteur de la R&D scientifique contient beaucoup de projets dans les biotechnologies.

levee

L’Île-de-France, les startups au cœur

Avec 34% des startups identifiées et 40% des levées de fonds enregistrées, l’Île-de-France confirme son rôle de capitale.

Les startups et levées de fonds, que nous identifions depuis quelques mois, sont très concentrées géographiquement.

Les cinq premières régions françaises métropolitaines représentent 70% des startups identifiées, 70% des levées de fonds et 70% des emplois créés par des startups.

Ceci alors que les cinq premières régions françaises ne représentent que 50% des créations d’emplois en général, tous types d’entreprises confondus.

regions

Une économie fragilisée

L’économie française est toujours, depuis la mi-2012, dans un état dépressif où les créations d’emploi et l’investissement ne parviennent que rarement à remplacer les emplois perdus,

L’industrie ne repart toujours pas franchement, même si elle souffre moins que par le passé.

Il lui manque d’être animée d’un mouvement général de croissance : chacun des grands secteurs industriels semble dépendre d’une conjoncture qui lui est propre. Par exemple, alors que l’automobile a fortement réduit ses pertes d’emplois en 2014, c’est l’aéronautique qui cesse d’en créer.

Le marasme de l’industrie, secteur à forte valeur ajoutée, n’est pas compensé par le dynamisme des services.

Les difficultés naissantes du secteur du commerce montrent même que la baisse du pouvoir d’achat des ménages frappe la consommation.

Le secteur bancaire pourrait également connaître sa plus mauvaise année depuis 2009.

Enfin, les nouvelles annonces de suppressions d’emplois publics s’ajoutent aux difficultés des entreprises, au moins à court terme.

Il n’y a guère que les secteurs du logiciel et des conseils et services spécialisés qui continuent à afficher un dynamisme tel que les créations d’emplois y dépassent nettement les suppressions.

La croissance qui permettrait d’effacer les lourdes pertes de la période 2008-2009 n’est donc toujours pas présente et, au rythme actuel, plusieurs années seront nécessaires à l’inversion du chômage.

Dans l’hypothèse de nouvelles turbulences boursières ou monétaires, les maigres améliorations de l’économie pourraient même être perdues et la tendance redevenir franchement négative.

 

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