Les investissements "verts" en France, 2009-2010

Nous venons de diffuser auprès des abonnés de l’Observatoire de l’investissement une note qui résume les principales tendances observées pour les investissements « verts » en 2009-2010.

En synthèse, les filières « vertes », telles que définies dans l’observatoire, représentent 4 000 à 8 000 emplois directs par an. Cela en fait la première filière industrielle française en 2009-2010 par nombre d’emplois créés. Ce secteur comprend une grande diversité d’acteurs et de projets. La filière solaire est la plus solide, au sens où on y recense tous types d’activité depuis l’amont (recherche et développement) jusqu’à l’aval (commercialisation, pose et maintenance) en passant par la fabrication. Les régions françaises sont très diversement positionnées pour accueillir et encourager ce type d’investissement. Il y a eu, cependant, un fort ralentissement des emplois induits par le développement des filières « vertes » en 2010 (-40%) par rapport à 2009, à contre-courant de la conjoncture globale qui a vu, en 2010, une forte amélioration.

Nous reprenons ici quelques graphiques et données contenus dans cette note. La note complète peut être obtenue sur demande en utilisant le formulaire de contact de l’Observatoire de l’investissement.

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1. Les investissements « verts » représentent la première filière industrielle française en termes de créations d'emplois

En 2009-2010, les investissements « verts » ainsi définis ont entraîné la création de 11 623 emplois nets. Dans le même temps, deux autres filières suivies par l’Observatoire de l’investissement ont enregistré des résultats soit positifs mais plus faibles (3 625 emplois nets créés dans l’aéronautique), soit très fortement négatifs : pour l’automobile, 44 086 emplois nets supprimés en deux ans.

Emplois nets créés ou supprimés en 2009-2010 par trois filières suivies par l'Observatoire de l'investissement de Trendeo
Emplois nets créés ou supprimés en 2009-2010 par trois filières suivies par l'Observatoire de l'investissement de Trendeo

Les investissements « verts » sont une filière en croissance, dans laquelle on relève encore peu de suppressions d’emplois : les suppressions ne représentent que 12% des créations (13 232 créations et 1 609 suppressions d’emplois en deux ans), contre 44% dans l’aéronautique (6 566 créations et 2 941 suppressions), tandis que, dans l’automobile, les suppressions sont quatre fois plus nombreuses que les créations (56 782 suppressions et 12 696 créations).

L’automobile restera encore longtemps la première industrie française en nombre d’emplois total, mais, pour les créations d’emplois, les filières « vertes » sont en première position pour les deux dernières années au moins.

En 2009, les filières « vertes » ont créé 7 240 emplois nets. En 2010, ce résultat était en baisse de 40 %, avec 4 383 emplois créés. Les filières « vertes » ont évolué à contre-courant de l’économie générale, puisque l’année 2009 avait vu, dans l’Observatoire de l’investissement, plus de 110 000 suppressions d'emplois nettes, tandis que l'année 2010 se termine avec plus de 15 000 créations nettes.

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2. Un recul marqué en 2010

Par filière, cette baisse s’explique principalement par la diminution de l’activité dans le solaire (baisse de 50% des emplois nets créés) et par la très forte chute des emplois dans l’éolien (baisse de 85% des emplois créés). En sens inverse, il y a une progression sensible des projets dans le domaine du véhicule électrique, des activités de recyclage et de dépollution ainsi que des projets utilisant le bois (directement ou sous forme de granulés) comme moyen de chauffage.

Emplois nets créés dans chaque composante de l'investissement "vert", en 2009 et 2010, données Observatoire de l'investissement de Trendeo
Emplois nets créés dans chaque composante de l'investissement "vert", en 2009 et 2010

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3. D'autres caractéristiques des investissements « verts »

Dans l’ensemble, les projets « verts » recensés sont plus industriels, plus riches en R&D, plus capitalistiques et connaissent un taux de destruction d’emplois plus faible que pour l’ensemble des projets recensés dans l’économie française. La présence des investisseurs étrangers dans les filières vertes est similaire à leur présence dans l’économie française de façon globale.

Des investissements bien plus industriels

Les investissements « verts » sont davantage industriels que la moyenne des investissements en France. Les secteurs INSEE « Industrie manufacturière », « Electricité et gaz » et « Eaux et déchets » représentent 24% des créations d’emplois annoncées en 2009-2010 pour l’ensemble de l’économie française. Dans les filières « vertes » identifiées par Trendeo, ces secteurs industriels représentent 60% des créations. Malgré le développement des fonctions commerciales, d’étude, de pose et de maintenance, dans toutes les filières, la fabrication de matériel demeure prépondérante.

Des investissements plus riches en recherche et développement

Dans l’ensemble des créations recensées par l’Observatoire de l’investissement en 2009-2010 (351 811 emplois), les emplois de R&D représentaient 4,5% du total. Dans les filières « vertes », les emplois de R&D ont représenté 7,4% du total – à 90% dans la filière solaire.

Un secteur très capitalistique

Les montants investis sont connus dans environ 20% des investissements recensés par l’observatoire – les sociétés communiquent plus sur l’emploi créé que sur les capitaux engagés. Pour 2009-2010, l’Observatoire a recensé 41,7 milliards d’euros investis, dont 5,1 milliards dans les filières « vertes ».

Un taux de destructions d’emplois bien inférieur

En 2009-2010, pour 100 emplois créés dans l’économie française, 125 emplois ont été supprimés. Dans les filières « vertes », pour 100 emplois créés, 12 emplois seulement ont été supprimés. Ce n’est probablement pas un record – pour le secteur très particulier des maisons de retraite, l’observatoire n’enregistre que 3% de fermetures –, mais il s’agit d’un taux extrêmement faible, notamment pour une filière majoritairement industrielle.

Un secteur qui attire les investisseurs étrangers

Pour l’ensemble des créations d’emplois recensées en France, en 2009-2010, les entreprises étrangères représentent 84% du total. Le pourcentage est également de 84% pour les filières « vertes », preuve que les investisseurs étrangers ont su s’intéresser à des filières encore très jeunes.

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4. Répartition des créations d’emplois par région

L’Aquitaine, notamment grâce à l’Écoparc de Blanquefort, est la première région d’accueil des investissements « verts ». Comme pour la région Rhône-Alpes, le solaire y est majoritaire. En Picardie, l’éolien est la première filière. La Bretagne réalise un bon score grâce au véhicule électrique et aux investissements du groupe Bolloré. L’Île-de-France occupe la cinquième place, avec la filière écoconstruction et biomatériaux en première position.

Solde net des emplois créés par région par des investissements "verts", données Observatoire de l'investissement de Trendeo
Solde net des emplois créés par région par des investissements "verts"

Des créations d’emplois plutôt sous-estimées que surestimées

Comme l’a fait remarquer un responsable régional, lors d’une présentation publique de ces données, le très faible score de certaines régions ne signifie pas qu’elles sont absentes du développement des filières « vertes ». L’observatoire a, en effet, recensé des investissements clairement identifiés comme « verts » et annoncés comme tels. Cependant, dans de nombreux grands groupes (constructeurs automobiles notamment), des emplois ont été réorientés dans des activités « vertes » sans que cela conduise à des investissements supplémentaires – mille personnes, à titre d’exemple, parmi les 8 500 qui travaillent au Technocentre de Renault Guyancourt, travaillent sur le thème du véhicule électrique. Le même phénomène intervient très certainement dans des secteurs comme le bâtiment, avec l’intégration des normes HQE (haute qualité environnementale) dans les projets en cours. Il faut enfin considérer que pour chaque emploi direct recensé par Trendeo, il est possible d’estimer qu'un à deux emplois indirects seront créés. La méthodologie de Trendeo donne ainsi une estimation du développement des filières « vertes » plutôt prudente et non excessive.

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5. Données par filière

Pour chacune des filières identifiées, les emplois créés ont été répartis selon leur positionnement dans la filière, depuis l’amont (R&D) vers l’aval (commercialisation, pose et maintenance). Ceci permet d’étudier le type d’évolution des filières, de 2009 à 2010. Il est également à noter que seule la filière solaire a permis de créer des emplois dans toutes les fonctions, depuis l’amont vers l’aval.

Emplois nets créés en 2009-2010 par les investissements "verts" - Données Observatoire de l'investissement de Trendeo
Emplois nets créés en 2009-2010 par les investissements "verts"

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6. Les déterminants des évolutions des filières « vertes »

De nombreux facteurs influent sur le développement des filières « vertes ». Le prix du pétrole, en hausse, accroît l’intérêt pour la production d’énergies renouvelables. Celui des matières premières détermine également l’attractivité des éco-matériaux et des activités de recyclage.

La sensibilité du public joue dans les deux sens. Les mouvements « anti » ralentissent le développement de filières comme les éoliennes, les biocarburants (rebaptisés agro-carburants). En sens inverse, la sensibilité du public et de l’opinion pour les thématiques climatiques encourage le développement d’éco-activités.

Dans tous les secteurs, l’importance des incitations publiques est à prendre en considération :

-       les activités de recyclage sont encouragées par l’écotaxe ;

-       les énergies renouvelables, solaire, éolien et biocarburants, dépendent des tarifs de rachat ;

-       le véhicule électrique, l’équipement solaire des particuliers, l’isolation de bâtiments, sont encouragés par des réductions d’impôts et des primes ;

-       la compétitivité de certaines filières dépend en partie des investissements de la recherche publique –dans le secteur solaire, qui est le seul où de nombreux emplois de R&D ont été recensés en 2009/2010, les investissements proviennent en grande partie de sociétés publiques ;

-       le développement des biocarburants ou des projets de valorisation de la biomasse sont encouragés par des appels d’offres publics.

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