Dans l’analyse des dynamiques de l’emploi, les créations nettes d’emplois sont le principal indicateur disponible. Cela découle le plus souvent du fait que les statistiques disponibles ne détaillent pas créations et suppressions d’emplois, mais seulement un solde. Pourtant, le rapport entre créations et suppressions d'emplois, ou taux de renouvellement des emplois, est un indicateur complémentaire intéressant pour comprendre l’évolution d’un secteur, et probablement établir un lien avec les difficultés de recrutement.
Trendeo recense dans sa base de données sur l'emploi et l'investissement en France, depuis 2009, les créations et suppressions d’emplois annoncées dans la presse, dans tous les secteurs. Les utilisateurs ont donc à leur disposition non seulement le solde net des emplois par secteur, mais aussi les créations et suppressions. Rapporter les créations d'emplois aux suppressions permet d’obtenir un taux de renouvellement propre à caractériser la dynamique d'un secteur. Exprimé en pourcentage, il donne le nombre d’emplois créés pour 100 emplois supprimés. Un ratio inférieur à 100 correspond à un secteur en perte d’emplois. Mais on voit bien que , entre un secteur qui renouvelle 11% des emplois perdus, et un secteur qui en renouvelle 95%, les dynamiques ne sont pas les mêmes (cas, par exemple du secteur de l’imprimerie et de l’agro-alimentaire en 2015).
Prenons maintenant, à titre d’exemple, les trois secteurs, très différents, de l’hôtellerie, du travail des métaux et de l’hébergement de serveurs. En 2017, dans les données Trendeo, ils ont créé un nombre d’emplois très proche.
Solde net des emplois créés et supprimés pour trois secteurs en France, en 2017.
Données observatoire Trendeo de l'emploi et de l'investissement en France
Pour poursuivre avec ces trois secteurs, le taux de renouvellement (en 2017) est, en revanche, très différent, beaucoup plus que le solde net des emplois.
Taux de renouvellement des emplois (emplois créés/emplois supprimés) pour trois secteurs en 2017.
Données observatoire Trendeo de l'emploi et de l'investissement en France
Les données brutes montrent d’ailleurs que le taux de renouvellement repose sur un très faible nombre de suppressions d’emplois dans le secteur de l’hébergement de données. L'indicateur peut donc varier fortement en ajoutant une seule donnée.
Données créations et suppressions d'emplois pour trois secteurs en 2017.
Données observatoire Trendeo de l'emploi et de l'investissement en France
L’analyse sur une durée plus longue permet de limiter cet effet. Sur la période 2009-2017, on trouve ainsi un taux de renouvellement comparable, et élevé, pour le secteur de l’hôtellerie comme pour celui de l’hébergement de données. On note également que pour les produits métalliques divers, sur la période 2009-2017, les créations d'emplois n'ont pas compensé les pertes.
Taux de renouvellement des emplois (emplois créés/emplois supprimés) pour trois secteurs sur la période 2009-2017.
Données observatoire Trendeo de l'emploi et de l'investissement en France
Données créations et suppressions d'emplois pour trois secteurs, 2009-2017.
Données observatoire Trendeo de l'emploi et de l'investissement en France
Sur la durée, on comprend aussi que des secteurs qui ont longtemps été dans une situation difficile peuvent avoir du mal à recruter en phase de redémarrage. Le secteur automobile par exemple, a atteint, en 2012, un point bas dans son taux de renouvellement, avec 12% des suppressions d’emplois remplacées par des créations. Il est, en 2017, à 245%, soit près de trois recrutements pour une suppression d’emploi. Nul doute, pour l’ensemble de la filière, du secteur, que les questions de formation et de recrutement ont dû en être bouleversées, en un laps de temps relativement court.
Évolution du taux de renouvellement des emplois dans le secteur automobile, 2009-2017.
Données observatoire Trendeo de l'emploi et de l'investissement en France