Pourquoi ça tient ?

Pourquoi ça tient ? On nous la question en commentaire d'un post sur la page de Trendeo, en relevant le fait que l'emploi tient mieux que ne laissaient penser les prévisions de début d'année. ⬇️

Nous ne sommes pas conjoncturistes, et nous travaillons principalement à la production et à l'analyse de nos propres données. En matière de conjoncture, ces données permettent cependant d'avoir des éléments de tendance à chaud.

Les points suivants relèvent donc de réflexions personnelles autant que d'analyse de données, à titre spéculatif, pour expliquer l'absence de crise massive :

- les taux d'intérêt ont certes monté, mais comme l'inflation est forte, les taux réels sont encore négatifs ;

- les taux européens n'ont pas augmenté autant que les taux américains, l'euro faible (en baisse contre le dollar depuis mars 2022 environ) aide les exportations ;

- l'économie française est moins industrialisée que plusieurs de ses voisins. C'est un handicap de long terme, mais quand la hausse des prix de l'énergie touche surtout l'industrie, c'est un "avantage relatif" ;

- les prix de l'énergie pour les entreprises sont plus faibles en France (Eurostat indique un 12 cts/Mw en France au premier semestre, vs 18 pour l'Allemagne) ;

- la crise de 2020 a été gérée avec le souci de permettre la reprise, notamment via le chômage de longue durée, et les effectif publics ont été préservés, deux caractéristiques qui étaient absentes de la crise de 2008/2009 ;

- la consommation a été comprimée en 2020 et les ménages ont accumulé du pouvoir d'achat qui s'est libéré à partir de 2021 ;

- les "esprits animaux" des investisseurs ont aussi été bridés en 2020, et notamment avec l'aide de France Relance, se sont libérés en fin de confinements ;

- certains secteurs comme l'automobile sont tenus d'investir pour réussir le passage du thermique à l'électrique, d'autres, comme l'hydrogène, bénéficient d'un soutien public important ;

- une crise assortie de perte d'emplois n'intervient pas brutalement en phase de ralentissement, il y a d'abord une réduction des investissements, en réaction à la baisse des perspectives et des résultats ; puis des décisions négatives si ces perspectives de dégradation se prolongent.

Il y a donc de nombreuses raisons pour expliquer la tenue de l'emploi et de l'investissement en France depuis la crise liée à l'agression russe du début d'année. Cela ne veut cependant pas dire que la conjoncture va rester bonne, ou meilleure qu'attendu, quoi qu'il arrive.

Nous notons d'ailleurs que les montants d'investissement annoncés et relevés dans notre base de données France sont, en novembre 2022, en extrapolant sur la base des 20 premiers jours, les plus faibles depuis cinq ans, après avril 2020 (et hors mois d'août). Cette baisse touche tous les secteurs et toutes les tailles d'entreprises. Reste à savoir s'il ne s'agit que d'un trou d'air ou de l'annonce de difficultés plus durables...

montant mensuel des investissements en France en milliards d'euros
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