Elisabeth
January 19, 2024
Cette semaine dans la base de données France, nous avons enregistré le changement d'actionnaire de RECIF Technologies, qui produit des robots pour le secteur de la micro-électronique. La société vient d'être cédée à un groupe de Singapour.
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Ce n'est en soi ni bon ni mauvais qu'une société change d'actionnaire, ni même qu'elle soit rachetée par un actionnaire étranger. L'activité de Recif s'inscrit pourtant dans deux filières aujourd'hui stratégiques, la micro-électronique et la robotique. On peut donc regretter qu'elle n'ait pas pu continuer son développement de façon autonome, ou qu'elle n'ait pas été reprise par un groupe français.
En creusant un peu le sujet, un article dans L'Usine Nouvelle en 2021 donnait la parole au PDG de Recif de l'époque, qui mentionnait "nous réalisons 90% de notre chiffre d’affaires en Asie et seulement 3% en Europe. Les 7% restants proviennent du marché nord-américain." Pas étonnant donc que le repreneur soit une société asiatique, l'écosystème y est plus développé qu'en France ou même qu'en Europe.
Nous avons relié ce constat à une remarque lue à propos des gigafactories récemment annoncées, qui seraient "remplies de machines chinoises". C'est très probablement vrai en grande partie. Mais si nous voulons nous repositionner sur ces filières, il faut bien amorcer la pompe.
Les gigafactories ancrent déjà l'emploi direct lié à l'assemblage final en France. Les emplois indirects viendront par la suite - et bien sûr le plus tôt sera le mieux. On peut envisager des dispositifs pour que les sous-traitants potentiels en France, qui n'ont pas les reins assez solides ou la taille suffisante pour fournir, puissent croître plus rapidement.
Il ne faudrait donc pas conclure du constat que les gigafactories sont, plus ou moins, remplies de machines étrangères - au moins lors de leur mise en service initiale - qu'il faudrait se désintéresser du sujet, et qu'il aurait été aussi bon que ces usines s'installent ailleurs. Nous perdrions tout espoir de faire renaître des filières et l'écosystème qui va avec. Ce n'est qu'à ce prix que des acteurs domestiques de taille moyenne seront plus souvent repris par d'autres acteurs domestiques.